mercredi 21 mai 2008

Où ça cause sérieux, un peu

V'là un quelque chose que j'aurais bien fait publier, mais on dit le "sujet trop pointu".
Ca me paraît pourtant moins pointu qu'un couteau dans le coeur dont on ferait des lignes morbides de descriptions détaillées avec sang chaud dégoulinant et autres détails alléchants.
Ou moins pointu que la Tour Eiffel.
Ah vi mais la Tour Eiffel, c'est parisien ...
Ca finira donc ici, car je sais que toi, tu n'as même pas peur ni des pointes et des piquants, ni du vide ni des serpents.

Ou qu'au pire tu regarderas les images.


ARGENTINE : QUAND LES MEDIAS RECLAMENT UNE LOI


Face au Palais Présidentiel, la Plaza de Mayo est le lieu de convergence de toutes les marches et manifestations porteñas. Une banderole oubliée y traîne depuis des mois, appelant au « Triomphe de toutes les luttes ». Les vétérans de la guerre des malouines ont remplacé les mères des disparus de la dictature, celles que l'on appellait les folles de la Plaza de Mayo, dans l'occupation quotidienne de cette esplanade. Ici toujours, on refait le monde, entre maté et parties d'échec . Ces derniers temps, c'est la campagne qu'on y voit défiler, les producteurs de soja mécontents d'une réforme des taxes les concernant, alternent blocage des routes et manifestations à la capitale depuis déjà deux mois. Cependant, ce jeudi 15 mai, à l'initiative de la Coalition pour une Radiodiffusion Démocratique, point de manif'. Comme il en avait déjà été le cas pour la première fois un an auparavant, c'est une émission de radio qui s'est tenue en direct pendant 2h depuis ce lieu hautement symbolique .


Le communiqué du Forum Argentin des Radios Communautaires (FARCO) parlait de « radio ouverte », une manifestation peu commune, justifiée par le comité organisateur comme la meilleure façon, en étant physiquement présents sur la place, à la vue et surtout l'ouïe de tous, d'étaler au grand jour les tenants et aboutissants du sujet défendu . 2 heures de direct donc, retransmis sur les radios communautaires argentines, de même qu'à travers tout le continent sud-américain grâce au réseau satellite de l'Association Latinoaméricaine d'Education Radiophonique (ALER). Une dizaine de techniciens sur place, deux satellites braqués sur nos têtes, une organisation conséquentes donc, pour retransmettre les prise de parole de la vingtaine d'intervenants se succédant sous le chapiteau de plastique blanc frémissant sous la brise, tenant ce
soir-là office de local radio.


Ils sont travailleurs de radios communautaires, syndicalistes, professeurs d'université, ou encore même réalisateurs, tous sont venus se saisir de ce micro librement tendu pour revendiquer et expliciter leur combat pour la ratification d'une nouvelle loi régissant la radiodiffusion. Le décret-loi 22.285 actuellement en vigueur date de 1980, établi pour gérer les médias sous la dictature, il n'a depuis été modifié que partiellement, à coups de décrets ratifiés à la va vite pour répondre à des situations ponctuelles. Au micro, Pipon Giulani, de la Central des Travailleurs Argentins rappelle que « le droit à la communication est un droit social », et qu'il ne peut être régit par une loi datant d'un régime où les droits les plus élémentaires étaient largement bafoués. Ne serait-ce que par « hommage aux plus de 100 travailleurs du secteurs des médias » disparus lors de cette période floue de l'histoire argentine.

Aujourd'hui, la situation est enlisée dans le méandre du vide juridique. Si on attribue de nouvelles fréquences aux radios commerciales dont les budgets conséquents semblent être des arguments massifs, les médias communautaires se trouvent bien souvent condamnés à émettre en « pirate », leurs dossiers semblant scellés au bas de la pile.



21 points pour une radiodiffusion démocratique


Le collectif à l'origine de cette manifestation revendique une Charte de 21 points essentiels sur lesquels devrait être établie la nouvelle loi. 21 Points pour le Droit à la Communication afin de permettre un pluralisme informatif et culturel, des médias publics sans pour autant être étatiques et des médias indépendants libres de se développer sans entrave. Basée sur des principes fondamentaux comme la liberté d'expression, et les droits et devoirs de l'Etat, cette charte rédigée en 2004 se voudrait fondation inévitable de toute réforme de la loi 22.285 . En plus de définir quels devront être les mécanismes d'attributions des fréquences, et l'équilibres entre médias locaux et nationaux, elle propose la création d'une fonction de « Défenseur du Public », médiateur entre les auditeurs et l'autorité centralisée, afin de garantir les « droits du public ». Sont aussi proposées de nouvelles condition de redistrution des milliers de pesos récoltés chaque année grâce à la

publicité des chaînes publiques : ceci seraient en partie redirigés vers un fond permettant d'aider les stations communautaires sans but lucratif. Cette charte entend également empêcher les concentrations, interdisant à tout haut fonctionnaire, militaire ou élu d'être titulaire d'une licence de radiodiffusion, ainsi que tout individu impliqué dans des crimes bafouant les droits de l'Homme, mettant en cause ainsi directement nombre d'agentins dont les agissements criminels présumés sous la dictature n'ont pas encore été jugés.

Plus que de la radiodiffusion, c'est la réforme de l'ensemble de l'organisation médiatique nationale que l'ont veut initier. De nombreuses organisations nationales et internationales agissant dans le domaine de la communication l'ont déjà ratifiée légitimant ainsi l'importance que l'on veut donner à ces 21 points.

Les deux à trois cents personnes présentes écoutent attentives, enregistrant même pour certaines, les propos échangés, ou lisent la charte de 21 points largement diffusée. Voire la relisent : étudiants en communication comme vétérans des radios communautaires, ils sont pour la plupart impliqués directement, et bien au courant des données du problème soulevé. Certains étaient là l'an passé, voire même dès 1982, quant un premier cycle de réflexion sur les médias argentins s'indignait déjà de la situation. Cette année cependant, quelquechose est différent. Les préoccupations ont dépassées le simple cadre de la profession et des passionés, les négociations avec le pouvoir exécutif ont été lancées courant avril.


Le manque d'indépendance des médias devient préoccupant, même pour le gouvernement


La nécessité de réformer cette loi est apparue comme telle aux yeux du gouvernement à la vue de la couverture qu'il a été faite de la crise agricole des derniers mois par les principaux médias argentins. Le quotidien Clarin, principal mis en cause, est accusé d'avoir favorisé le « camps » des producteurs dans le traitement de ce conflit, y dédiant couvertures et numéros spéciaux, comportement explicable par le fait qu'une autre branche du Groupe qui détient Clarin soit spécialisée dans la culture de soja ... Le poids des lobbies et les méfaits de la concentration des activités, dénoncés depuis des années par les organisation des
médias indépendants, ont soudainement été condamnés publiquement.


En avril donc, Chrtistina Kirchner, présidente de la République Argentine, s'est réunie avec les représentants radios communautaires du pays, afin de réfléchir à cette réforme, visant à rendre selons ses termes « les citoyens titulaires du droits à l'information, et non pas les journalistes ».

Un tract du collectif de la radio FM La Tribu intitulé Ojalá, « Pourvu que », rappelle que les organisations de la coalition ne sont pas dupes : l'empressement du gouvernement argentin à revenir sur cette loi ressemble davantage à une stratégie d'autodéfense quant au traitement médiatique défavorable de ces dernières semaines, qu'aux résultats du mouvement réclamant de telles réflexions depuis des années. Aussi appellent-ils, ainsi que tous les participants de cette radio ouverte, à rester vigilants quand à l'avancement des discussions. Gabriel Mariotto, le nouveau directeur du Comité Federal de Radiodiffusion, en charge du projet de loi qui devrait être envoyé au Parlement s'est engagé la semaine passé auprès de l'Association Mondiale des Radios Communautaires (AMARC) à ceque tous les points de la charte soient effectivement respectés. La Coalition pour une Radiodiffusion Démocratique l'entendrait bien de cette oreille, mais ne baissera pas la garde tant que le texte ne sera pas révélé.



A 18 heures, l'émetteur de la Plaza de Mayo s'est tu, comme prévu, après deux heures de diffusion. Deux heures pour éviter que le silence n'étouffe des dizaines de radios, essentielles voix teintées locales, qui crieraient bien à l'unisson afin qu'enfin on les entende.

7 commentaires:

KaT a dit…

yep, super intéressant Jaïl.

Rien à voir mais "frisé fait des trucs" a rien fait pour le moment. On attend.

Julie d'Ailleurs a dit…

J'attends aussi ein.
Mais là il fait des bulles chez Damien à Bordeaux avec tous els vieux 4A, alors il risque pas d'avancer...

KaT a dit…

comment ça il fait des bulles ? Des bulles genre comme celles d'un bain moussant ? Tu veux dire que les vieux 4A sont dans le même bain à buller ?
Beurk.

Marc a dit…

Elle est bain bonne celle-là !

Frisé fait des trucs.

Mais Frisé sait pas par où commencer.
Peut-être une imitation tronquée de la capillarité de la miss ?

Mais Frisé a des idées décidées. C'est déjà pas mal.

Steph a dit…

Oula... Frise devrait surtout arreter de fumer la moquette bordal-oise.
Sinon, je capte pas le "trop pointu"... c'est quoi en vrai l'histoire? parcequ'il est pas mal cet article...

Julie d'Ailleurs a dit…

En vrai, c'est que je l'ai proposé au 89 d'une certaine rue où les contributions des internautes permettent de varier un peu la ligne éditoriale du blabla habituel paraît-il, mais ils m'ont répondu que le sujet n'était pas retenu car trop pointu.
Tu comprends t'y mieux?

Steph a dit…

Ah ok, mici, c'etait donc pour rue89, d'ou le francais... d'ou le trop pointu ...